Histoire de l’Église
Rétablir l’ordre ancien


« Rétablir l’ordre ancien », Révélations dans leur contexte, 2016

« Rétablir l’ordre ancien », Révélations dans leur contexte

Rétablir l’ordre ancien

Doctrine et Alliances 102, 107

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tableau de Joseph Smith et des membres du Collège des douze

En mai 1829, Joseph Smith et Oliver Cowdery s’agenouillèrent près de la rivière Susquehanna. Ils venaient de lire ce qui était écrit dans 3 Néphi, au sujet du baptême, et ils voulaient savoir où trouver cette autorité que Jésus avait accordée à ses disciples d’autrefois. En réponse à leurs prières, Jean-Baptiste apparut et leur imposa les mains pour leur conférer l’autorité dont ils avaient besoin pour se baptiser mutuellement. Oliver expliqua plus tard à son ami W. W. Phelps : « Pense un instant à la joie qui emplit notre cœur et avec quelle surprise, nous dûmes nous agenouiller […] quand nous reçûmes, de sa main, la sainte prêtrise1. »

Mais le rétablissement de l’autorité de la prêtrise ne s’accompagna pas immédiatement du rétablissement de l’organisation de la prêtrise. Les détenteurs de la prêtrise, individuellement, pouvaient accomplir des ordonnances, mais comment devaient-ils travailler de concert à l’accomplissement de l’œuvre du Seigneur ?

Direction par conférences

Dans les années 1830, beaucoup d’Églises de l’État de New York traitaient leurs affaires par des conférences trimestrielles de leurs anciens. L’Église rétablie suivit cette pratique familière au cours de sa première année d’existence. Après l’organisation de l’Église au mois d’avril, ses dirigeants tinrent des conférences aux mois de juin et septembre pour rendre compte de la progression de l’Église et régler des affaires. Ce système de conférences trimestrielles fut mentionné dans les Articles et Alliances (maintenant Doctrine et Alliances 20) lors de son enregistrement dans la version manuscrite du livre des révélations de l’Église2.

Mais, en 1831, il devint de plus en plus évident que les conférences de l’Église devaient être plus que des réunions de routine. Au cours de la première conférence de l’année, fut reçue une révélation (maintenant Doctrine et Alliances 38) qui présenta des projets et des objectifs que l’Église devait réaliser. Bientôt le nombre de conférences que l’on tint pour maintenir le rythme de l’œuvre du Seigneur s’accrut considérablement : d’août à décembre 1831, il y eut des procès-verbaux pour vingt-six conférences, soit en moyenne plus d’une conférence par semaine.

Lors d’une de ces conférences, le prophète souligna la nécessité de dépasser les modèles connus et « d’appréhender la manière ancienne de diriger les réunions comme elles étaient dirigées par le Saint-Esprit3 ». Les diverses questions de planification et de discipline auxquelles faisait face la jeune Église requéraient des efforts et l’inspiration concertés. Mais, lorsqu’il y avait beaucoup d’affaires à régler au cours d’une conférence de tous les anciens, qui devait en avoir la charge ?

Le système des conseils

Une révélation du 11 novembre 1831 (maintenant Doctrine et Alliances 107:60-100) permit aux saints de comprendre comment utiliser la puissance de l’inspiration concertée en partageant les problèmes complexes de l’administration de l’Église. Certains types de cas étaient attribués à l’évêque, qui à son tour pouvait appeler des conseillers pour l’aider dans ses devoirs. Le président de la Haute Prêtrise devait examiner les problèmes les plus difficiles, aidé en cela par douze grands prêtres désignés comme conseillers. Des présidents de collège des anciens, des prêtres, des instructeurs et des diacres seraient aussi appelés pour « siéger en conseil » avec leur groupe.

Mais, l’ajout au système connu de conférences d’un nouveau système de conseils se révéla être un processus graduel. Les présidents de chaque groupe ne furent pas choisis tout de suite et les greffiers ne firent pas toujours la distinction entre conférence et conseil. En juillet 1832, les membres du Missouri « décidèrent que le mode et la manière de gérer l’Église du Christ prendrait effet dès maintenant4 », comme l’indiqua la révélation de novembre, mais ils ne choisirent pas de président des anciens avant septembre5. Et, bien qu’il ait été soutenu comme président de la Haute Prêtrise et qu’il ait choisi deux conseillers, Joseph Smith dut réunir des grands prêtres disponibles pour siéger dans un grand conseil de présidence au grand complet chaque fois que le besoin s’en fit sentir6.

Le comportement des participants aux réunions posa aussi des problèmes. Apparemment, certains chuchotaient entre eux, s’agitaient de manière visible ou même partaient en plein milieu de la session du conseil. Il était aussi difficile de rechercher la volonté du Seigneur du fait des préjugés et des faiblesses7.

Joseph Smith assuma la responsabilité de ces défauts partagés. En février 1834, il déclara au cours d’une réunion : « Je n’ai jamais exposé, auparavant, dans son ensemble, devant un conseil, l’ordre selon lequel celui-ci doit être dirigé, ce qui l’a peut-être privé de quelques, voire de nombreuses bénédictions. » Il essaya ensuite de « montrer l’ordre des conseils dans les temps anciens tel qu’on le lui avait montré en vision8 ». La vision du prophète d’un conseil présidé à Jérusalem par l’apôtre Pierre et deux conseillers, devint un modèle pour l’organisation du premier grand conseil normal9, lequel à son tour devait servir de modèle pour les autres conseils dans toute l’Église. Des procès-verbaux précisant certaines fonctions importantes du conseil tel que le droit de l’accusé d’être défendu par la moitié du conseil, furent plus tard intégrés au canon des Écritures dans Doctrine et Alliances 10210.

Avant que le grand conseil juge le premier cas, Joseph Smith bénit ses deux conseillers. Ensuite, deux pères, Joseph Smith, père et John Johnson, bénirent leur fils11. De même que les conférences existaient conjointement avec le système des conseils en cours d’établissement, de même l’organisation administrative de la prêtrise dans l’Église allait coexister avec la prêtrise centrée sur la famille.

Collèges

Une semaine après que le grand conseil de Kirtland fut organisé, Parley P. Pratt et Lyman Wight arrivèrent du Missouri pour demander des instructions de la part des saints qui avaient été chassés de chez eux12. En réponse à leur visite, Joseph Smith et le grand conseil prévirent une expédition pour les aider.

Pendant que Joseph Smith et le grand conseil rassemblaient dans les branches de l’Église de l’est, des hommes et des fonds pour ce qui allait être connu comme le camp de Sion et tandis qu’ils se rendaient de l’Ohio au Missouri, Joseph Smith passa beaucoup de temps dans les petites branches de l’Église. Le système des conseils aida à répartir les affaires de l’Église entre les détenteurs de la prêtrise dans les centres de l’Église, mais moins d’efforts furent faits pour organiser la prêtrise au plan physique, pour offrir une uniformité entre les deux principaux centres de l’Église ou pour répondre aux besoins des branches plus éloignées. D’autres révélations étaient nécessaires.

Au Missouri, où beaucoup de membres de l’Église s’étaient regroupés près de l’emplacement prévu pour Sion, on organisa un autre grand conseil selon le modèle du premier. Joseph Smith bénit une nouvelle fois le président du conseil et ses deux conseillers, et cette fois deux autres pères, Peter Whitmer et Joseph Knight , bénirent leurs fils13. Mais que devait-on faire pour les petites branches de l’Église ? De retour du Missouri après le camp de Sion, on créa deux nouveaux groupes de la prêtrise : le Collège des douze apôtres, dont le devoir allait être d’agir comme « grand conseil président voyageur » pour les branches de l’Église, et les soixante-dix, qui aideraient les Douze14. En plus de servir les branches existantes de l’Église, les Douze et les soixante-dix devaient prêcher l’Évangile dans le monde entier et organiser de nouvelles branches.

Au printemps de 1835, les douze apôtres nouvellement appelés furent envoyés en mission dans l’est pour « régir » les branches de l’Église15. Avant leur départ, Joseph Smith donna aux Douze des instructions détaillées sur l’organisation de la prêtrise, que l’on trouve maintenant dans Doctrine et Alliances 107. Ces instructions données au Collège des douze apôtres précisèrent les relations au sein de la prêtrise. Elles mirent en lumière l’histoire et le rôle des ordres de la Prêtrise de Melchizédeck et d’Aaron. Elles présentèrent le concept du « collège » pour expliciter les fonctions uniques et l’autorité de la Première Présidence, celles des Douze apôtres, celles des soixante-dix et celles des grands conseils qui se chevauchent. On nomma aussi des patriarches16 pour perpétuer l’ordre familial de la prêtrise en parallèle avec celui de l’ordre administratif.

Soutien de la nouvelle organisation

Au printemps et à l’été de 1835, quatre sections sur l’organisation de la prêtrise furent collectées et placées au début des nouvelles Doctrine et Alliances, juste après la préface révélée. La première fut les Articles et Alliances de l’Église (maintenant Doctrine et Alliances 20). Ensuite vint un nouveau texte tiré des instructions dispensées aux Douze, qui fut regroupé en une seule section (maintenant Doctrine et Alliances 107) avec une version mise à jour de la révélation de novembre 1831 sur les conseils de la prêtrise. En troisième, on ajouta une révélation qui contenait le serment et l’alliance de la prêtrise (maintenant Doctrine et Alliances 84). Puis vint le procès-verbal de la première organisation du grand conseil, mis à jour pour inclure une référence clarifiant le rôle du Collège des douze apôtres. Ensemble, ces sections servirent en quelque sorte de manuel d’administration de l’Église.

Le 17 août 1835, les membres de l’Église approuvèrent officiellement les Doctrine et Alliances, acceptant cette organisation révélée de la prêtrise17. Au cours des sept mois suivants, ils prirent des dispositions pour pourvoir les offices afin que les collèges de la prêtrise soient complètement organisés pour être proposés au soutien des membres lors de la consécration du temple de Kirtland.